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Echecs au Centre de Détention de Liancourt

J’interviens depuis l’année dernière au centre de détention de Liancourt pour animer des séances échiquéennes.

Un petit historique :

En 2003, j’étais intervenu dans l’ancien centre de détention au cours de l’été.
Eric Cormon, ex-président du CDJEO avait animé des séances l’été suivant.

Plus récemment, l’entraîneur John Cappon avait assuré un stage d’été également.

Dominique Heudre (ex-président) et Luc Fancelli (notre président actuel) avaient aussi organisé une finale entre bâtiments suivie d’une simultanée jouée par Dominique. Détenus et personnel de l’administration avaient été enchantés par cette manifestation.

Henryk Wiktor, joueur et animateur du club de Saint-Just a assuré pendant plus d’un an des séances échiquéennes. Convaincu de l’intérêt de l’activité, il a laissé un très bon souvenir et fidélisé un groupe de détenus passionnés. Fin 2017, Henryk m’a proposé de prendre le relais et je profite de cet article pour le remercier.


Je serais long si je devais énoncer tous les aspects positifs que je constate de la pratique des échecs en milieu pénitencier.

De séances en séances (2h par semaine), le groupe s’étoffe et les détenus sont assidus. On me demande souvent comment s’inscrire. Un joueur du groupe avait participé aux championnats de France jeunes et il promeut l’activité auprès d’autres détenus.

Dans le groupe, il y a bien sûr plusieurs niveaux. Quelques-uns sont débutants mais connaissant déjà les règles de bases. Cependant, la majorité des joueurs ont déjà de la bouteille et les cours d’Henryk ont permis à certains d’atteindre un niveau qui leur permettrait d’évoluer en club sans souci.

L’ambiance générale est bonne et c’est un plaisir d’animer ces séances. Les joueurs ont envie de progresser, s’investissent, jouent entre-eux même en dehors des séances et me demandent des exercices ou documents échiquéens.

Je suis aussi bien accueilli par les surveillants (dont le métier réclame des qualités humaines certaines).
Il y a peu, un joueur assez “extraordinaire” participe aux séances. Il a apparemment du se perfectionner seul en jouant contre lui-même. Le niveau qu’il a atteint est vraiment étonnant. Il possède des notions positionnelles avancées. Ne parlant quasiment pas habituellement, aux séances d’échecs, il s’exprime ! (peu mais ç’est déjà un “petit miracle” d’après l’un des surveillants). Une des parties qu’il a jouée récemment face au meilleur joueur du groupe était passionnante à suivre.

J’ai aussi été interviewé pour une publication interne rédigée par les personnes détenues. Mon interviewer (plus littéraire que matheux) a rejoint l’activité et progresse à une vitesse incroyable pour quelqu’un qui ne savait pas du tout jouer au départ !

“Tout le monde sait jouer dans ma famille mais moi, non. Je n’ai jamais eu le temps d’apprendre.” m’avait-t-il confié.

Mme Lecomte, chargée de dossiers transversaux,  est venue également m’interviewer pour un article qu’elle a transmis au DISP de Lille (photo prise par celle-ci).

Récemment, m’a signalé Luc, une réunion de travail a eut lieu entre la FFE et la Direction de l’Administration Pénitentiaire. J’espère que cela pourra permettre de développer encore davantage la pratique des échecs au sein des centres de notre département, car, tout comme Henryk, je suis convaincu que cela peut être un vecteur positif.

Je profite de cet article pour remercier plusieurs personnes encore :  M. Dominique Gibert, président du club d’Escames Songeons (sans son soutien, je n’aurais pas pu intervenir), le coordinateur des activités du SPIP qui malgré son emploi du temps chargé sur les deux sites de Beauvais et Liancourt est passé régulièrement me rendre visite aux séances, les surveillants des ateliers et une jeune femme effectuant son service civique au centre de Liancourt qui est venue m’assister.

 

 

 

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